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Évolution du marché des médicaments au Québec

Augmentation des coûts des médicaments, maladies les plus coûteuses : plusieurs tendances observées au cours des dernières années poursuivent leur progression. C’est ce qu’a observé Caroline Le Pottier, pharmacienne-conseil chez TELUS Santé, lors de la deuxième journée de la conférence annuelle de TELUS Santé, le 17 mai dernier. Celle-ci est venue présenter, pour une deuxième année consécutive, l’Évolution du marché des médicaments au Québec. 

Parmi les 10 conditions de santé les plus coûteuses au Québec, les maladies inflammatoires, le diabète et les problèmes dermatologiques tiennent le haut du pavé, et les coûts des médicaments pour celles-ci poursuivent leur croissance. 

En dépit du petit pourcentage de réclamants (0,7 %), les maladies inflammatoires accaparent 14 % des coûts admissibles, une proportion qui s’explique par les médicaments très coûteux pour cette catégorie de maladie. Ces coûts sont en croissance à hauteur de 5,9 %. Le Remicade, le médicament leader dans la catégorie, coûte 45 067 $ par réclamant, alors que les coûts pour ses biosimilaires varient entre 14 000 et 21 000 $. « Ça varie du simple au double en raison du coût du médicament, mais aussi du parcours du patient dans sa maladie », précise Mme Le Pottier ; les patients sous Remicade le sont ainsi souvent depuis plus longtemps, et leurs doses sont plus élevées. 

On observe toutefois une certaine décroissance des médicaments originaux et une augmentation des biosimilaires en raison de l’arrivée de nouveaux biosimilaires sur le marché. La transition vers les biosimilaires est d’ailleurs une piste à explorer pour contrôler les coûts élevés des traitements pour les maladies inflammatoires. Rappelons que depuis avril 2022 au Québec, les patients assurés par le régime public d’assurance-médicaments de la RAMQ doivent passer du médicament original au biosimilaire, sauf exceptions. « Les plans privés peuvent se caler sur ce que font les régimes de substitutions provinciaux, ou proposer des régimes où la substitution est plus douce –laisser le choix au patient de garder le biologique original en lui laissant payer la différence, principe de droits acquis », suggère Mme Le Pottier. Les coûts élevés devraient cependant se maintenir pour ces maladies, notamment parce que plusieurs nouveaux médicaments sont en développement, malgré la maturité du marché. « Compte tenu de la gravité de ces maladies, plus on a d’options cliniques, mieux c’est pour le patient », fait valoir Mme Le Pottier.

Une analyse d’observance a par ailleurs révélé que les patients qui adhéraient moins à leur traitement avaient tendance à basculer plus rapidement vers des produits biologiques coûteux (coût moyen de 16 000 $ à 67 000 $ pour les agents biologiques, comparativement à 140 $ à 1600 $ pour les agents de première ligne). L’amélioration de l’observance, via un programme de soutien des patients, les suivis par les pharmaciens ou l’utilisation des applications mobiles, pourrait aider à contrôler les coûts. 

Le diabète a quant à lui des chiffres plus équilibrés, avec 6,9 % des réclamants qui représentent 7,9 % des coûts. Le marché des médicaments du diabète représente tout de même 97,8 M$ en coûts admissibles totaux, affichant une croissance soutenue à 7,5 %. Cette croissance s’explique entre autres par un changement de la commercialisation de certains glucomètres, avec l’inscription à la liste de la RAMQ et la distribution plus large en pharmacie notamment du Dexcom, un appareil beaucoup plus confortable pour le patient. Les molécules Ozempic et le Rybelsus sont aussi en croissance, puisqu’elles sont de plus en plus prescrites pour des patients à risque cardiovasculaires, comme les molécules contrôlent à la fois la glycémie et améliorent les risques d’hospitalisation. Pour maîtriser les coûts en diabète, Mme Le Pottier recommande d’utiliser une pharmacothérapie par étape et d’établir des maxima pour une même molécule. Pour contrebalancer l’augmentation des coûts, on s’attend à l’arrivée d’autres génériques pour les inhibiteurs DPP-4 et SGLT-2 en 2022 et 2023.

Les problèmes dermatologiques quant à eux couvrent une plus large population (18,9 % des réclamants) pour 6,9 % des coûts admissibles, mais sont ceux qui présentent le plus fort taux de croissance, à la hauteur de 20,6 %. « C’est encore plus soutenu que l’an passé », souligne Mme Le Pottier. Cette forte croissance est causée par l’élargissement de l’accès à ces médicaments aux patients en pédiatrie, mais également à leur utilisation pour traiter d’autres maladies. Pour contrôler ces coûts en forte hausse, la solution stratégique est de négocier des ententes d’inscription avec les fabricants pharmaceutiques. 

Voici d’autres points clés de la présentation :

  • Les médicaments les plus coûteux en 2021 sont les mêmes qu’en 2020. Le Concerta et le Vyvanse, des médicaments contre le déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, occupent depuis plusieurs années la 4e et la 5e position. Chez les enfants, le déficit de l’attention occupe le 1er rang dans les conditions de santé les plus coûteuses pour 2021 (21,3 % des réclamations pour 28,6 % des coûts). 
  • Les médicaments pour les maladies rares restent les médicaments les plus coûteux par réclamant. Représentant un total de 30,6 M$ en 2021, ceux-ci sont en croissance (32 % en 2021), et ces coûts devraient continuer à augmenter, comme on s’attend à peu de générisation pour ces médicaments dédiés à une petite population.
  • On attend toujours la préparation d’une nouvelle version des lignes directrices concernant le régime national d’assurance-médicaments. Le Québec risque toutefois de faire valoir son droit de retrait de ce programme.
  • La COVID a eu un certain impact sur le marché des médicaments ; si en 2020 on a constaté une stagnation des soins pour le cancer, la dépression, le cholestérol et les maladies cardiovasculaires, on constate un rebond en 2021, probablement parce que les patients ont retardé ou évité le traitement. Ce retard pourrait avoir des conséquences pour les patients, qui potentiellement ont raté une ou deux années de traitement, les amenant plus loin dans les lignes de traitement puisque la maladie a progressé.
  • De façon plus positive, la COVID a permis de développer plusieurs services pharmaceutiques au Québec. Les 10 services accessibles gratuitement ont permis , d’une part, de décharger la première ligne, et d’autre part, aux pharmaciens de mieux suivre les patients et de renforcer les bonnes habitudes. 
  • Du point de vue des médicaments en développement, une grande part (40 %) des produits en phase clinique II et III sont en oncologie. On observe ainsi une tendance vers le développement de médicaments pour le cancer de plus en plus ciblés, et disponibles en pharmacie, ce qui aura un impact sur les régimes d’assurances privés. Plusieurs médicaments sont également en cours de développement, notamment pour l’Alzheimer. « On se dirige vers de nouveaux produits pour traiter l’origine de la maladie, ce qui va présenter des coûts élevés, d’autant plus qu’on touche une population beaucoup plus jeune », conclut Mme Le Pottier. 

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